June Rosenbach. [TERMINEE.]

Des rires, des chants, des airs de guitare au coin du feu et des plongeons dans les étangs, c'est un peu ça, l'univers de June Rosenbach. Et elle le porte très bien sur elle.
Des cheveux roux, bouclés, domptés en deux couettes de chaque côté de son visage et de grands yeux verts, contrastant avec sa peau blanche parsemée de discrètes tâches de rousseur.
Ses lèvres sont fines et rosées, son menton petit et ses pommettes saillantes.
Son expression ? Joyeuse et enjouée, les trois quarts du temps. Elle se veut comme cela, attachant beaucoup d'importance à l'image qu'elle renvoie sans toutefois le montrer une seule seconde.
Elle a ici et là deux trois colliers et bracelets, tous sans aucune valeur marchande mais bien sentimentale.
Très fine de nature, June a un physique harmonieux même si dénué de formes généreuses, il reste malgré tout dans une moyenne convenable.
Ses vêtements sont principalement composés d'un top rosé, d'une jupe dégradée de orange et d'une fourrure autour de la taille. En effet, elle n'est pas le genre de fille à passer inaperçue.
Et ce n'est pas les dizaines d'accessoires ajoutées à sa tenue qui vous feront dire le contraire, en particulier lors de mouvements brusques de leur propriétaire, faisant tinter les quelques clochettes ajoutées aux perles de ses bracelets.
Bref, tout en elle respire la joie de vivre et les souvenirs, qu'elle transporte avec elle et à travers elle, où qu'elle aille.

June, c'est le genre de fille à vouloir éclairer toutes les journées que vous passez en sa compagnie. Les rendre inoubliables, c'est ce qu'elle cherche à faire, créer des souvenirs, pour elle, pour tout le monde, chaque personne avec qui elle passera du temps.
Elle pense que c'est la chose la plus précieuse au monde, les souvenirs. Sa mémoire est un album photo géant qu'elle ne fait que parcourir à mesure du temps, la transportant parfois ailleurs que sur la terre ferme, ceux qui la connaissent n'y font même plus attention, la jeune fille étant souvent dans la lune.
Peut-être la côtoierez vous un jour, si tel est le cas sachez que vous la verrez toujours sourire, parce-que ce sourire fait partie d'elle, qu'il est son moteur, l'essence même de son existence.
June écrit, aussi. Elle écrit beaucoup. Elle écrit tout. Chaque élément, chaque détail, sentiment, ressenti, chaque senteur et chaque image de ce qu'elle vit. Elle ne veut rien perdre, rien oublier, pas la moindre chose. Elle sait qu'elle profitera de chaque instant parce-qu'elle en connaît très bien le prix et que si elle ne vit pas pour elle, celui pour qui elle vit vaut bien tous les instants du monde.
Elle le pense, en est persuadée, c'est pourquoi elle lui dédie tout. Pourquoi elle lui dédie sa vie, et a décidé d'en faire un art.

La famille Rosenbach, nombreuse de six membres au total, comptait parmi les plus communes, en plein centre de la petite ville de Yume.
Le quatrième et dernier enfant venant compléter le tout déjà nombreux fut une petite fille qui répondait au nom de June. Enfant ordinaire sans grandes distinctions, elle considère aujourd’hui que sa vie n’a commencé qu’à ses 7 ans révolus, le jour où elle fit sans doute la plus belle rencontre de sa vie.

Tout avait commencé la veille de la rentrée scolaire, à l’heure où le jour meurt. La fillette, perchée sur le haut d’une colline verdoyante, angoissait comme souvent, quant aux événements du lendemain. Ses pensées furent interrompues par, quelques secondes durant, l’aperçu d’un infini d’azur qui semblait la fixer avec insistance. La contemplation s’arrêta net, quand une voix retentit, intriguée :

« Tu fais quoi ? »

Les yeux de la petite rousse quittèrent l’hypnotisant bleu pour s’élever vers une montagne de cheveux blonds, et réagit quand ses yeux se posèrent sur le large sourire qui lui était adressé, ne semblant plus vouloir se décrocher du visage angélique de l’inconnu.
Gênée, elle tourna brusquement la tête et lança, amère ; Je réfléchissais.
Le jeune garçon - qui semblait être du même âge qu’elle - s’assit, quelque peu troublé par la réponse sèche de la fillette. Pendant quelques minutes il parut réfléchir, puis dit à nouveau, d’un ton à présent joueur :

« Pas cap de sauter », en désignant l’étang d’un bleu profond qui s’étendait devant leurs yeux.

June fut quelque peu surprise, puis finalement amusée, étendit son bras devant le visage du blond, montrant un point au loin dans le vaste ciel, que les yeux bleus suivirent automatiquement. Satisfaite elle rit, et se levant précipitamment se mit à courir vers le vide, pour sauter du haut du rivage, et atterrit dans l’eau dans un bruit assourdissant. 
C’est à peu près ainsi que tout commença. Ainsi qu’ils devinrent à jamais inséparables, et qu’ils passèrent leurs journées entières à se lancer toutes sortes de défis, qu’ils, bien évidemment, relevaient toujours fièrement.

Plus tard, June partagea souvent le foyer de son ami, fils unique, vivant seul avec son père.
Celui-ci était d'ailleurs l'objet de beaucoup de rumeurs au sein du paisible village, il était en effet un scientifique réputé pour ses recherches sur les portails dimensionnels. Des bruits disaient qu'il avait percé un secret essentiel qu'il s'apprêtait à révéler durant le plus grand événement du monde de Yume, le Festival Traditionnel qu'aucun habitant ne manquait jamais.

Le quotidien s’écoula tranquillement deux ans durant, jusqu’au soir de ce fameux Festival, où chacun se réunissait la nuit tombée autour des nombreux stands qui arboraient les rues bondées.
Nos deux héros quant à eux, se préparaient dans la modeste demeure du blondinet tout en discutant avec entrain des activités auxquelles ils pourraient participer une fois à l'extérieur.

Troublant l’atmosphère joyeuse de ce soir d’été, l’arrivée d'hommes masqués dans la maison du jeune garçon fut synonyme de terreur et d’une tuerie sans nom. 
Durant l'assaut, le chercheur fut assassiné sans mesure sous les yeux révulsés du dernier du nom, révulsés mais à moitié aveugles sous les doigts de son amie de toujours qui, dans un coin du salon, le tira tant bien que mal jusqu'à atteindre le dessous d'une table où elle le serra contre elle, l'empêchant d'aller au secours de son père.
La fillette faisait bien des efforts mais son ami redoublait de force et elle n'avait aucune chance de lutter, malgré elle il s'en détacha rapidement et courut vers un des meurtriers auquel il assaillit plusieurs coups de couteau avant qu'un autre ne le retire de sa proie pour le projeter contre un mur de la pièce dévastée.
Le corps frêle de l'enfant heurta violemment le sol et, avant même qu'il eut le temps de s'en relever, l'homme se précipita vers lui, katana en main, quand au même moment June sortit de l'ombre pour sauver son ami. Elle courut, courut à s'en arracher les jambes, le cœur battant à en exploser sous la douleur, et trébucha dans sa course sur la jambe qu'un des complices avait tendu devant elle, un sourire béat lui barrant le visage, quand la dernière phrase retentit. Pas cap de survivre.

Une, deux, trois tâches écarlates sur le sol immaculé. Le temps arrêté. Le bruit de pas courant dans la rue d'en face, deux meurtriers prenant la fuite, des personnes criant dans l'appartement, secouant la fillette, lui serrant la main.

Rien. Plus rien n'était réel, à présent. Plus rien ne comptait. Plus personne. Seule une chose était restée, intacte, intouchable, impossible à atteindre. Le seul souvenir de cette dernière phrase. La seule chose qu'elle honorerait jusqu'à la fin.